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24/03/2017

Des mamans s’organisent à Kisangani

Virginie BITSHANDA, Fille de la Sagesse (FdlS)

«Un projet d’association des mamans, Association MAMA HEKIMA (« mamans de sagesse » en swahili) a vu le jour à Kisangani, RDC, avec les sœurs de la communauté de formation. L’association vise à réunir les femmes «simples» de Kisangani en vue de les aider à s’organiser pour une autosuffisance financière.
Un beau projet qui se situe bien dans la ligne de l’orientation régionale : « Rejoindre les mamans pour les soutenir dans leur lutte pour la prise en charge des enfants et de toute la famille ».

Ce projet est bien vivant maintenant.

Un recrutement inclusif
Nous avons d’abord recruté les femmes, sans exclusion.
Parmi ces femmes, il y avait des catholiques, d’autres, musulmanes, d’autres, témoins de Jéhovah, d’autres protestantes, d’autres encore de l’église du réveil.

N’étant pas d’accord avec ce recrutement, le groupe a d’abord réclamé d’être subdivisé d’après la confession religieuse. Pour ces femmes, ce n’était pas possible de travailler ensemble avec autant de différences religieuses.

Les préjugés d’une catégorie à l’autre étaient très forts. Cela n’était pas étonnant pour nous, car en écoutant les « prédications » qui passent sur des chaînes des télévisions, nous entendions bien combien tous ces « messages » porteurs de critiques négatives, incitent à la division, à l’hostilité, à la violence.

Ce sont surtout les femmes qui sont exploitées dans ce sens à cause de leur fanatisme religieux.
Comment s’y prendre pour créer l’esprit de groupe ?
Connaissant les réalités culturelles en place, et tenant compte des mentalités du milieu, nous avons puisé dans des expériences antérieures, d’accompagnement des groupes. Nous nous sommes servies des outils de la formation reçue à l’IFHIM* pour accompagner ces groupes de femmes.

Où en sont-elles dans ce cheminement ?
Il y a un proverbe swahili qui dit :
« Kwakuguakwenyenyumbakunavuyainafaakuishindani ». Cela signifie : «C’est de plus près qu’on voit mieux la réalité».

Nous avons ainsi mieux perçu les conditions révoltantes que la société impose à ces femmes. En les fréquentant de plus près, cela nous a aussi permis de témoigner et confirmer que les forces (capacités, habiletés, courage, qualités, amour …) de ces femmes, sont impressionnantes et porteuses d’espoir.

Nous en voyons déjà quelques signes:
Ces femmes étonnent les gens qui leur demandent: « Comment avec ce mélange de confessions religieuses, arrivez- vous à vous mettre ensemble et collaborer ? »

Elles initient des activités comme sources des revenus en mettant ensemble leurs qualités, capacités, talents, compétences. Elles ont construit petit à petit la paix entre elles, en décidant de se regarder comme personne au-delà de la différence. Elles se visitent, se soutiennent et s’assistent en cas de problème et cela, dans le respect de la différence de leur foi religieuse.

Elles commencent à devenir multiplicatrices. Leur témoignage engage leurs enfants, leurs maris, leurs amis et entourage. D’autres femmes sollicitent de faire partie de l’association, pour être aussi encadrées et accompagnées.

Trois associations de ces femmes sont fonctionnelles à KABONDO, à SIMI-SIMI et à MANGOBO. Les femmes y font des activités manuelles qu’elles vendent par la suite : les chikwangu, (bâton de manioc), le fufu (la farine de manioc), le pain.

Quelle joie, quel encouragement pour ces femmes qui ne tarissent pas de remercier les sœurs et la congrégation, d’avoir pensé à elles. De notre côté, quelle joie aussi de les voir capable de profiter de cet accompagnement qui, petit à petit, les aide non seulement dans leur prise en charge financière, mais aussi dans la prise en charge de leur dignité de «Maman». Si elles étaient demeurées seules, chacune, jamais nous aurions su ce qu’elles pouvaient faire ensemble !

Tous ces effets positifs nous incitent à élargir progressivement notre mission auprès des femmes de notre région.

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