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20/07/2020

Du connu à l’inconnu

Sr Benilda Maria de la Inmaculada Colombie

Je suis née le 31 mars 1937, dans une famille paysanne profondément catholique près de Sainte Rose de Osos, Colombie. Ma famille fut bénie par Dieu de 10 enfants : 7 garçons et 3 filles, dont moi, la benjamine. Mes parents Martín Ruiz et Benilda Osorio m’ont aimée profondément. Mais la paix et la joie du foyer se sont éteints très vite lorsque ma mère devint gravement malade et mourut. Elle avait 43 ans et j’en avais 10. Dès sa maladie, mon père m’amène chez un oncle maternel, en Yarumal, milieu très loin de notre demeure, dans l’espérance de revenir me chercher lorsque ma mère sera mieux.

C’était le premier maillon d’une chaîne de glissements de terrain qui n’est pas encore terminée. Ce fut pour moi l’occasion d’apprendre, comme Marie Louise de Jésus, à quitter « le connu pour l’inconnu ». J’ai dit aurevoir à ma mère, que je n’ai plus jamais revue. À cette époque, les médias étaient très lents et j’ai eu la nouvelle de sa mort 15 jours après. Avec mes parents j’ai donc appris à marcher avec la Vierge Marie.

En 1950, à 13 ans, mon père est revenu me prendre pour me ramener au foyer. À 15 ans, j’entends l’appel du Seigneur à la vie religieuse. Après avoir été témoin de la profession de deux cousines, je demande l’entrée dans la Congrégation. La réponse est négative parce que j’étais très jeune et je devais continuer mes études. Finalement, les Filles de la Sagesse m’ont acceptée. J’ai ressenti une très grande joie ! Elles me recevaient gratuitement, mais je devais m’acquitter des frais du billet d’avion. Le défi était grand, car il s’agissait de quitter ma famille et ma région, pour aller vers l’inconnu. Je devais prendre le risque. J’étais décidée. Malgré leur pauvreté, ma famille m’a aidée financièrement. En 1953, arrivée à Bogotá, je vis les Filles de la Sagesse pour la première fois. J’étais déçue, car je rêvais de porter un voile !

En 1955, après deux ans d’étude, je devenais aspirante. Mais, la Supérieure me demande d’interrompre mes études. Comment refuser ? Avec crainte, à sa requête, je suis partie pour le Collège de Villavicentio et l’expérience fut positive. En 1956, je suis restée à Bogota pour travailler dans une école pour des petites filles pauvres. En 1957 je quitte définitivement ma famille pour entrer au postulat et en 1958, je fais ma première profession. Sans tarder, je suis envoyée à l’Institut de la Sagesse de Bogota avec les petites aveugles tout en continuant mes études. Au début de 1960, une nouvelle obédience me surprend : aller au collège d’Acacias, dans les plaines de l’Est. À ce nouveau détachement, 22 obédiences à « quitter le connu pour l’inconnu » ont suivi au cours de mes 61 ans de vie religieuse. J’ai dit « oui » à toutes. Je fais spécialement référence à deux expériences très difficiles pour moi. En 1970 je suis envoyée dans un petit village dans une école publique pour garçons où j’ai la joie de rester pendant 9 ans. En plus de mon travail scolaire, j’ai dirigé la fondation d’une maison pour personnes âgées et abandonnées. J’ai travaillé avec ma communauté, un groupe de jeunes, la Société Vicentine.

Quelques jours avant d’inaugurer la première étape de l’œuvre, on me demande d’aller à Bogota pour faire partie de l’équipe de formation initiale. Il m’a été très difficile de quitter à nouveau ce que j’aime et connais pour l’inconnu, mais ce  » Oui  » a été un lien fondamental pour l’avenir, car il a ouvert les portes à deux expériences internationales me préparant à un  » Oui  » plus radical. La Mère Générale me propose d’aller au Congo pour collaborer à la formation initiale. Je l’ai fait, de 1986 à 1993. Je suis revenue en Colombie et 14 ans plus tard, j’étais de retour à la mission de 2007 à 2009. Deux expériences missionnaires exigeantes, mais merveilleuses que je ne peux oublier.

Maintenant, à l’approche de mon 83e anniversaire, je collabore à l’Institution Laura Vergara. Je suis disposée à aller chez les Sœurs aînées pour me préparer à recevoir ma dernière obédience qui me conduira à une rencontre définitive avec le Seigneur.

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