« Être responsable de la fragilité des autres : Servir – prendre soin »
Équipe pastorale Filles De La Sagesse du Pavillon Notre-Dame, Maison Accueil-Sagesse, Ottawa.
Rhéa Giroux, Lucie Gagnon, Marie-Reine Grenon, Monique Potvin, Francine Gauthier, Denyse Dostaler
Saviez-vous qu’un sixième sens se développe chez une personne âgée et malade ? Dépouillée de sa jeunesse, et souvent de sa santé, dans sa nouvelle fragilité, tout doucement, elle tend vers l’essentiel. Oui, un sixième sens se développe chez elle pour saisir la profondeur de son être profond. C’est là que demeure l’étincelle d’éternité dont elle s’approche de jour en jour. Elle le révèle parfois par un mot, un silence, un regard et donne presque de le toucher, ou du moins, de le pressentir.
Jésus a dit : j’étais malade et tu m’as visité… Pour être à son meilleur dans ce service d’entraide, pour accepter telle qu’elle est la personne devenue si vulnérable, il est essentiel d’être habité par Dieu pour le « voir » et le « toucher » dans la proximité vécue entre l’aidée et l’aidante. Que c’est fragile, délicat ! Devant ce mystère en cheminement, la bienveillance, le respect, la compassion, l’écoute deviennent des attitudes primordiales. « Être avec » des personnes âgées, malades, est un privilège qui doit rester discret, vrai, silencieux.
En anglais, on parle de « TLC – tender loving care ». Le mot bienveillance rejoint un peu ce sens : vouloir le bien de l’autre, en prendre soin avec douceur, en incarnant l’Amour de la Sagesse.
Être une présence signifiante au quotidien, être garante de leur bien-être à tous les niveaux, deviner leurs besoins, devenir la voix des sans-voix, exigent patience et bonté. Il faut être neuve tous les matins et vivre la sagesse du cœur pour voir l’autre en toute dignité. Ces personnes deviennent, souvent sans le savoir, source d’énergie et d’émerveillement pour celles qui les côtoient.
La confiance mutuelle se tisse au jour le jour dans l’acceptation de la personne fragilisée. Les moments d’échange deviennent occasion de se dire, de s’entendre, de se raconter pour prendre conscience des fruits de sa vie, des grâces accueillies et surtout de l’amour donné et reçu. Ainsi, le grand départ se prépare dans la paix, la sérénité et l’abandon total.
Le « donner-recevoir » devient un cadeau mutuel. La mission continue ! C’est permettre à la personne âgée et malade de prendre soin de l’aidante en la touchant par son accueil, son souci de bien – être, sa confiance, son authenticité, le partage de ce qu’elle est, de sa foi profonde, de sa vie intérieure simplifiée, axée sur l’Essentiel. Quelle source de bienfait mutuel, enrichissant !
Servir c’est aussi parler au Seigneur de toutes ces personnes rencontrées. C’est combler son impuissance devant la souffrance physique, psychologique, morale. Servir, c’est finalement n’être qu’une présence chaleureuse, un sourire bienveillant, un regard compatissant, une prière constante.
En résumé, « servir – prendre soin », c’est aimer la personne fragilisée et malade, c’est se laisser aimer par elle, c’est aimer la mission d’incarner l’Évangile de l’Amour de Jésus Sagesse.
