L’un des objectifs du plan annuel que nous avons en tant que comité JPIC de notre délégation est d’être en contact avec les commissions des Conférences des religieux et des religieuses de nos pays, et qui cherchent à promouvoir la vie et la dignité des personnes, et de la création en général. Pour cette raison, j’ai accepté l’invitation faite par une sœur membre de la « Commission pour la prévention des abus et la culture du soin » de la CONFER Pérou, à en faire partie. Depuis le mois d’avril 2024, je me suis engagée à participer, avec les autres religieux et religieuses qui la composent, à l’exécution du programme élaboré par cette Commission. Ce programme comprend des cours de formation et des ateliers, pour les membres de la Commission, ainsi que pour les offrir aux bénéficiaires religieux et laïcs.
L’un des ateliers que la Commission réalise actuellement, via zoom, s’adresse aux agents pastoraux qui travaillent dans les paroisses et les œuvres des congrégations, non seulement au Pérou, mais aussi dans d’autres pays. La question des abus, non seulement sexuels, mais aussi des abus de pouvoir, de conscience et de spiritualité, dans les milieux ecclésiaux, est un problème douloureusement actuel, malgré le fait qu’il y ait des abus commis il y a de nombreuses années.
En tant que Commission, nous notons que de nombreux profanes engagés parmi les participants à l’atelier (plus de 200 personnes) cherchent des conseils sur la façon de gérer les cas d’abus dont ils ont connaissance. Cette juste préoccupation devient un défi pour la Commission, étant donné qu’il y a un besoin d’accompagnement qui facilite le renvoi de ces cas vers les organismes appropriés, tels que les centres d’écoute que les diocèses doivent avoir, ou en tout cas ouverts, comme l’a demandé le pape François il y a quelques années, compte tenu du nombre élevé de victimes par des personnes consacrées.
Le 31 mai 2024, nous étions présentes en tant que Commission CONFER à la présentation du livre « Vulnérabilité, abus et soins dans la vie religieuse féminine » un recueil de plusieurs auteurs avec des témoignages d’abus, des statistiques et des recommandations très importantes pour la vie consacrée. Ce livre a été mis en lumière par la Confédération des religieux et des religieuses d’Amérique latine et des Caraïbes (CLAR). Cette présentation du livre susmentionné, compilée par sœur Rosaura Casas, a eu lieu à Lima, à l’Université catholique. Il est à souhaiter que ce livre soit largement diffusé et qu’il soit objet de réflexion de la part des congrégations d’Amérique latine et au-delà du continent.
Ce fut une grande occasion d’écouter les sœurs Liliana Franco, Daniela Cannavina et le père Jesús García, partager leurs préoccupations et leurs espoirs sur le grand défi auquel notre Église est confrontée en général en ce qui concerne les relations parmi les personnes consacrées et entre les personnes consacrées et les laïcs.
De la même manière, pour recevoir les lumières nécessaires dans le cheminement de cette Commission, nous avons eu une rencontre avec le père Jesús García, prêtre franciscain espagnol, résidant depuis de nombreuses années en Équateur, qui est le coordinateur de la Commission CLAR pour les questions de prévention des abus en milieu ecclésial.
Les heures qu’a duré cette rencontre, dans les locaux de la CONFER, n’ont pas été ressenties parce que le père Jesús García avait beaucoup à partager et à répondre aux préoccupations de la Commission CONFER Pérou.
Les lignes et les suggestions offertes par le père García, bien versé sur le sujet en faveur des victimes d’abus, seront prises en compte par notre Commission pour poursuivre le travail de manière renouvelée.
En tant que religieuses, nous notons que l’une des conséquences les plus graves des abus commis par des personnes consacrées (pour la plupart des prêtres) sur la victime est son incapacité à croire et à faire confiance en un Dieu aimant et compatissant. Et face au scandale des abus perpétrés par plusieurs de ses pasteurs dans de nombreuses parties du monde, nous nous rappelons des paroles du Pape François, un exemple d’engagement concret envers les victimes : la réalité des abus et la douleur des victimes ne seraient-elles pas les plaies sur le corps du Ressuscité ? Et ces nouvelles blessures ne seraient-elles pas en train de nous interpeller ?
Sr Rosa Amelia Canicoba Liza, fdls – Pérou