Sœur Jean Quinn, Filles de la Sagesse parle à l’ONU sur les familles sans-abri
Un moment historique s’est produit aux Nations Unies, en février, durant la Commission sur le développement social. Les états membres, la société civile, diverses organisations et des gens ayant vécu l’itinérance étaient réunis pour aborder les questions de l’itinérance, de protection sociale et de logement abordable. Ils en sont arrivés à présenter une décision historique sur cette question. C’était un heureux dénouement pour UNANIMA International dont la priorité actuelle se porte sur le sans-abrisme familial.
Voilà deux ans, UNANIMA International, ainsi que d’autres ONG, ont répondu à l’appel à mettre fin au sans-abrisme pour notre plaidoyer auprès des Nations Unies à New York. Nos efforts ont porté fruits en février 2019, quand on a annoncé que le thème prioritaire pour 2020, la 58e session de la Commission sociale pour le développement social, était intitulé : « Des logements abordables et des systèmes de protection pour tous, afin de lutter contre le sans-abrisme. » Ce fut une occasion marquante car, depuis 75 ans d’existence, les Nations Unies n’avaient jamais abordé la question des sans-abris comme thème prioritaire. C’est un mérite qui revient à la puissance du plaidoyer, à la collaboration et au partenariat parmi les ONG, aux personnes sans domicile, aux États Membres et aux Nations Unies. Nous croyons avoir obtenu le meilleur résultat possible, considérant le nombre de pays impliqués dans les négociations et les différentes réalités qu’ils vivent et reconnaissent comme sans-abrisme.
Tout au long de la commission, les Nations Unies, la Société civile, les États membres et l’ONU, ont collaboré à un large éventail d’événements reliés au thème prioritaire. UNANIMA International, en partenariat avec la Mission Irlandaise et un certain nombre de nos collègues de la Société civile ont eu le plaisir d’accueillir un événement intitulé « Hidden Faces of Homelessness, from the Perspective of Women and Children” (Visages cachés du sans-abrisme du point de vue des femmes et des enfants.) À cette occasion, nous avons entendu l’ancienne présidente d’Irlande, Mme Mary McAleese, PDG de Sophia Housing, Irlande, une expérience vécue, notre chercheur associé, et notre Rapporteuse spéciale à l’ONU au sujet des droits de l’homme et de la pauvreté extrême. Ce n’était qu’un des nombreux événements et discussions fructueux ayant contribués au dialogue approfondi sur ce thème, et sans aucun doute à ce qui a été documenté dans la résolution finale.
La résolution sur le thème prioritaire était un document important pris en compte par la commission. En tant que société civile, nous avons été ravis de voir un certain nombre d’éléments que nous avions préconisés et défendus tout au long de la commission, incluant mais sans s’y limiter, les approches sensibles au genre, un partenariat avec la société civile qui donne un élan et la reconnaissance que les personnes ayant une expérience vécue devraient être incluses dans toutes les conversations. Surtout, la description du sans-abrisme dans la résolution affirme une définition pratique que moi-même et autres experts avions avancés lors de la réunion en mai 2019 à Nairobi, Kenya : le sans-abrisme est « une condition où une personne ou un ménage manque d’espace habitable avec sécurité d’occupation, de droits et de capacité à jouir de liens sociaux y compris la sécurité. Cette définition est à la fois inclusive dans les types de sans-abri qu’elle aborde et holistique dans la façon qu’elle répond aux besoins sociaux, physiques et de sécurité de l’individu et/ou de la famille qui en fait l’expérience.
Lors de la discussion d’ouverture du haut niveau de la Commission sur le thème prioritaire, moi, (Sr Jean Quinn, fdls) j’ai été élue par la société civile et les Nations Unies, pour parler en tant que représentante de la société civile parmi les experts sur la question. Au cours de la session, disponible à la télévision des Nations Unies, j’ai parlé sur le sans-abrisme familial et les laissés pour compte dans notre monde en particulier les femmes et les enfants. J’ai terminé mon discours en faisant écho aux voix de nombreuses personnes sans-abri dans le monde et à ce que nous ressentons comme étant le message le plus important pour les Nations Unies, « Ne parlez pas de nous, sans nous. »
Dans le cadre de nos efforts continus de plaidoyer à UNANIMA international, le groupe de travail sur le sans-abrisme, que j’ai le plaisir de coprésider, travaille sur le plaidoyer et la croissance de la sensibilisation aux liens entre le sans-abrisme et les objectifs du développement durable. De plus, nous continuerons à exhorter les États membres à considérer et réaffirmer que le logement convenable est un droit humain fondamental, en lien avec l’article 25 de la Déclaration Universelle des droits de l’homme.