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23/06/2022

Les Filles de la Sagesse : une congrégation de femmes en Vendée (suite)

Histoire

Depuis 2015, dans le cadre d’un partenariat scientifique conclu entre le Département de la Vendée et la Congrégation des Filles de la Sagesse, les Archives départementales sont chargées de la gestion et de la mise en valeur des archives historiques conservées au sein de la Maison-Mère de la Congrégation à Saint-Laurent-sur-Sèvre. Les Archives de la Vendée vous proposent de découvrir en quelques chapitres, des épisodes marquant l’histoire, l’organisation et les actions de notre Congrégation. Découvrez le Chapitre II. « Les Filles de la Sagesse écrivent leur histoire (suite) »

CHAPITRE II (suite). Les Filles de la Sagesse écrivent leur histoire

Au XXe siècle, deux sœurs revêtent, en plus de leur habit religieux, un rôle d’archiviste et d’historienne. Elles peuvent être considérées comme les héritières de Sœur Florence et de Sœur Agathange, chroniqueuses de la Congrégation aux XVIIIe et XIXe siècles.

1703-1900, deux siècles d’histoire de la Congrégation décrits par Sœur Stéphanie du Sacré-Cœur

Jeanne-Françoise Dervaux, en religion Sœur Stéphanie du Sacré-Cœur, est originaire du Nord de la France ; elle entre au noviciat des Filles de la Sagesse en 1901 et fait profession en 1902. Elle exerce les fonctions d’enseignante successivement à Nantes, Bordeaux et Nimègue, qu’elle quitte en 1935 pour rejoindre Saint-Laurent-sur-Sèvre où elle se consacre à l’histoire et aux archives de la Congrégation.

En 1950, elle publie Folie ou Sagesse… ? (FDLS BIB 418), ouvrage consacré à Marie-Louise de Jésus, aux premières années de la Congrégation et à la fondation des premiers établissements (maison d’instruction, maisons de charité, hôpitaux…). Fruit d’un travail de recherche minutieux (de treize années nous dit l’auteure), le livre est riche en détails, anecdotes et portraits tels ceux de Catherine Brunet seconde Fille de la Sagesse, de Mme de Bouillé, bienfaitrice de l’œuvre ou du comte et de la comtesse de La Garaye, fondateur de la maison de charité de Dinan ( FDLS WF 39).

Second ouvrage de Sœur Stéphanie du Sacré-Cœur (cote : FDLS BIB 421-2) 

Jeanne Françoise Dervaux poursuit son étude dans Le doigt de Dieu, les Filles de la Sagesse après la mort des fondateurs (FDLS BIB 421-1 à 3). Les deux tomes de ce livre couvrent l’histoire de la Congrégation de la mort de Marie-Louise de Jésus en 1759 à l’aube du XXe siècle. Elle comporte une chronologie très utile des principaux événements connus par la Congrégation entre 1800 et 1900.

L’auteure revient sur les nouvelles œuvres charitables entreprises par les Filles de la Sagesse en faveur de l’éducation spécialisée des sourdes-muettes et aveugles au XIXe siècle (tome 2, p. 95). Elle retrace leur installation au pensionnat de la Chartreuse d’Auray (30 avril 1812) et à Lille (1835-1839) ainsi que plusieurs parcours remarquables de sœurs : Sœur Gilbert (1817-1844), talentueuse dessinatrice frappée de cécité en 1840, qui continua malgré tout de peindre jusqu’à sa mort, ou encore Sœur Marguerite, qui parvint à communiquer avec Marie Heurtin, sourde-muette et aveugle de naissance.

Les Filles de la Sagesse au XXe siècle : l’œuvre de Sœur Simone de Marie

Sœur Simone de Marie et Sœur Agnès du Cœur Immaculée en 1972, Antananarivo, FDLS 8 Fi 46 

Marcelle Lepers, en religion Sœur Simone de Marie, est originaire de Roubaix ; elle entre au noviciat de la Sagesse en 1934 et émet ses premiers vœux en 1935.
Envoyée à l’institution Saint-Pierre de Lille dès le mois de septembre 1935, elle y exerce les fonctions d’enseignante (en philosophie et français), puis de directrice jusqu’en 1957, ponctué d’un court passage à la communauté d’Ambleteuse entre septembre 1939 et août 1940.

En 1964, elle est appelée à Paris puis en 1971 elle part en mission à Madagascar.

En 1974, elle rentre en France à la Maison-Mère où elle restera 30 ans comme responsable des archives de la Congrégation.
Marcelle Lepers reprend l’histoire de la Congrégation au point où l’avait laissée Sœur Stéphanie du Sacré-Cœur. Les trois tomes de son livre Dieu écrit droit : les Filles de la Sagesse au XXe siècle (FDLS BIB 642-1) illustrés de nombreuses photographies, de fac-similés et de tableaux, forment une synthèse très complète sur l’histoire des Filles de la Sagesse dans la première moitié du XXe siècle.

Les « Sœurs du soldat » pendant la Première Guerre mondiale

Sœur Simone de Marie consacre un tome entier (tome 2) à l’action des Filles de la Sagesse durant la Première Guerre mondiale : les religieuses se sont mobilisées en masse afin d’apporter secours et soins aux blessés de guerre.

Ambulance de Brest-Charité, FDLS BIB 642-2, sans date 

La Congrégation propose les établissements dont elle a la charge, comme à Rennes, pour accueillir les blessés, organise des hôpitaux bénévoles ou travaille avec des organismes extérieurs (Services de Santé, Comités de Croix-Rouge, etc.). C’est donc dans ces structures de fortune, appelées « ambulances », que les Filles de la Sagesse assurent la surveillance des blessés, notamment durant le service de nuit, la prise en charge des soins ou du matériel (stérilisation, blanchissage, dépense, etc.). Elles s’occupent des contagieux ou des prisonniers allemands, et sont aussi chargées d’annoncer aux familles la mort de leurs soldats tombés au combat.

En soulageant les souffrances des soldats, les Filles de la Sagesse ont développé des relations particulières avec leurs patients, dont certains trouvent du réconfort et un refuge dans la foi. Le spectacle de ces douleurs, raconté par les Sœurs dans leurs lettres ou leurs journaux, nous donne un aperçu du dévouement dont elles font preuve face aux horreurs de la guerre.

De la Croix-Rouge de Nantes, le 20 octobre 1914, Sœur Appoline écrit : « Dans la nuit de samedi à dimanche, nous avons reçu en gare huit cents malades […] Depuis dimanche à midi, les opérations se succèdent, même la nuit. Le docteur Rivet vient de couper les deux jambes à un garçon de vingt-et-un ans. À la dernière, le cœur m’a manqué… À deux heures, nous attendions un train de trois cents blessés, et pour cette nuit, cinq cents. Ils sont criblés par les obus […] Nous avons trouvé jusqu’à de la paille dans les pansements. Un pauvre malheureux avait, de souffrance, rongé sa plaque d’identité. Ah ! ma Chère Mère, je vous assure que nous ne comptons pas nos fatigues devant tant de misères » (FDLS Q 2022).

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