Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge
Par : Grignion de Montfort, L.-M.
Parution : 2016-08-18
Éditeur : Médiaspaul France
Présentation
Rome,
en la fête de la Présentation du Seigneur,
2 février 2016
Un texte toujours d’actualité ?
Depuis que Montfort a rédigé cette œuvre, il y a plus de trois cents ans, plusieurs éditions se sont succédées tant en français qu’en de nombreuses autres langues, dont celle des Œuvres Complètes, remarquable par sa recherche des sources. À travers toutes ces éditions, le texte de Montfort continue de rejoindre et de toucher les lecteurs, que ce soit les simples croyants ou les théologiens les plus chevronnés.
Pourquoi donc ce petit Traité, apparemment sans prétention, suscite-t-il encore un tel intérêt ? Le Pape Jean-Paul II lui-même, en a été marqué dans sa jeunesse. Il écrit : « La lecture de ce livre a été dans ma vie un tournant décisif. Alors qu’auparavant, je me tenais en retrait de crainte que la dévotion mariale ne masque le Christ au lieu de lui céder le pas, j’ai compris à la lumière du Traité de Montfort qu’il en allait tout autrement : notre relation à la Mère de Dieu résulte organiquement de notre lien au mystère du Christ… On peut même dire qu’à celui qui s’efforce de le connaître et de l’aimer, le Christ lui-même désigne sa Mère comme il l’a fait au Calvaire pour son disciple Jean ». (A. Frossard, N’ayez pas peur, pages 184ss)
Lors de son pèlerinage privé qu’il fit à St-Laurent-sur-Sèvre, en septembre 1996, il dépassa son temps de prière devant le tombeau de Montfort dans la basilique. Et toutes les personnes présentes ont été touchées lorsque de sa voix grave et émue, marquée par l’intensité de son amour et de sa confiance en Marie, il renouvela sa consécration : « Ô Marie, moi, Karol Vojtyla, je renouvelle aujourd’hui les vœux de mon Baptême … je vous laisse un entier et plein droit de disposer de moi et de tout ce qui m’appartient … sans exception, selon votre bon plaisir, à la plus grande gloire de Dieu, dans le temps et l’éternité. »
Une expression rebutante…
Certaines personnes ont parfois été choquées par le vocabulaire d’esclavage que Montfort utilise en évoquant sa relation à Marie, image révoltante il est vrai pour des oreilles contemporaines. Mais Montfort tient à ce terme parce qu’il exprime la radicalité du don total de son être au Christ par les mains de Marie, telle qu’il l’a vécu. S’il avait trouvé une expression plus forte, il l’aurait sans nul doute choisie, certain de sa pertinence et de son efficacité.
Un chemin aisé
Pour Montfort, Marie est le chemin que toute personne est invitée à emprunter pour trouver, de manière privilégiée, Jésus, la Sagesse incarnée. Durant sa courte vie, Montfort n’a eu de cesse de partager et de transmettre son expérience spirituelle à tous ceux et celles qu’il croisait, comme l’on partage la découverte d’un trésor qu’il décrit en deux grands axes étroitement liés : la recherche de la Sagesse éternelle, Jésus Christ, et le « chemin aisé » pour la trouver, Marie, la Mère de Jésus.
À ceux et celles qu’il a croisés sur sa route missionnaire, laïcs, religieux et religieuses, pauvres et riches, Montfort a proposé ce chemin comme une manière de vivre qui oriente tout l’être et le cœur vers Jésus … Le Traité nous conduit au cœur du mystère d’amour de la Trinité pour l’humanité, comme si Dieu se mettait en quête de l’être humain.
Un trésor à partager…
C’est pourquoi, comme disciples de Montfort, il est de notre responsabilité de suivre et de propager, autour de nous, son intuition profonde en tentant d’assouvir la soif spirituelle qui habite tous les êtres humains, nos frères et sœurs… Offrons leur, encore aujourd’hui, la précieuse complicité d’un guide, qui ouvre un chemin, en compagnie de notre Mère Marie, avide de donner le meilleur d’elle-même à ses enfants afin qu’ils croissent dans la foi, dans l’amour, afin qu’ils grandissent en sagesse à la manière de l’enfant Jésus de Nazareth et à la manière du Christ qui n’hésitera pas à livrer « radicalement » sa vie pour nous, en présence de Marie au pied de la croix : « Voici ton fils, voici ta mère ».
Si Montfort, dès l’origine et dans ses missions, a suivi et transmis, avec passion, cette voie, il nous invite, encore aujourd’hui, à la mettre à la portée de toutes et de tous, comme un message urgent, dans notre monde en perte de sens et d’identité, dans notre monde en recherche d’un bonheur durable, dans notre société en mutation continuelle où la permanence du don total n’est plus une valeur sûre !
Dans la dynamique du Tricentenaire de la mort de Montfort, nous, ses disciples ne sommes-nous pas invités à offrir, au milieu des nombreuses propositions spirituelles, le sens profond du chemin « sûr et aisé » proposé, encore une fois, dans cette nouvelle présentation du Traité de la vraie Dévotion ?
Avec les assoiffés d’absolu
Alors que des chaînes de plus en plus nombreuses envahissent et emprisonnent les nouvelles générations qui ont soif d’absolu, il serait sans doute opportun de proposer une alternative si clairement exprimée à partir de la pensée de Montfort et de notre expérience personnelle. Il ne s’agit pas de moraliser et de nous dire les meilleurs, il s’agit de proposer modestement une voie libératrice à ceux et celles qui cherchent le bonheur, la liberté intérieure, sans le savoir vraiment.
Il s’agit de partager notre recherche de Dieu et de liberté à ces jeunes qui souffrent de mal-être, à ceux et celles qui rêvent d’absolu. Aurons-nous l’audace d’offrir le « chemin assuré » d’une vie remise entre les mains d’une Mère qui, sans les brusquer, saura les comprendre et les inviter à un engagement durable dans la confiance en un Dieu qui veut notre bonheur?
À tous ceux et celles qui cherchent à faire de leur vie « un absolu », répondons à la demande radicale par une proposition d’un don radical, celui de l’esclavage d’amour qui est le contraire de l’esclavage servile. Cette remise de soi entre les mains de Marie nous fait passer de l’enchaînement à la liberté du cœur, qui peut alors se tourner vers l’Autre, vers ce Dieu d’amour qui veut notre bonheur. Cette radicalité du don peut alors nous conduire, en même temps, vers les plus démunis de notre monde : en sommes-nous vraiment convaincus, nous les chrétiens de naissance, nous les disciples de Montfort et de Marie-Louise ?
Où en sommes-nous exactement dans notre don total ? Sommes-nous toujours convaincus de la valeur de ce don reçu de Dieu ?
Comme un nouvel appel…
Cette édition se présente modestement comme un «nouvel appel» à découvrir ou redécouvrir Montfort, à communier à son expérience spirituelle, source de sa joie et de son ardeur missionnaire. Elle se veut une édition «populaire», dans le sens originel du mot: une édition pour tout le monde. Pour ce faire, on remarquera entre autres les trois éléments suivants:
1. Toutes les citations latines ont été mises en français.
2. Les notes techniques – d’intérêt surtout pour les historiens– ont fait place à un «guide de lecture» qui vise à faciliter la découverte de l’expérience spirituelle de Montfort et à y cheminer.
3. Les divisions ont été refaites et certains mots de Montfort ont été mis en gras, afin d’aider à découvrir le mouvement de sa pensée.
Puisse le Tricentenaire que nous célébrons nous ramener à notre source originelle, à la générosité de notre première consécration à Jésus par Marie ! Qu’en avons-nous fait au cours des années ? Si par malheur nous l’avions mise de côté comme un cadeau usé, c’est peut-être aujourd’hui le temps favorable pour retrouver les sentiments de nos débuts, la générosité du « je vous laisse un entier et plein droit … » sans limite. Parfois les années érodent l’essentiel, et nous pouvons nous retrouver enrichis de superflu, mais pauvres de générosité dans le don de nous-mêmes. Dieu nous connaît bien et Il n’en est pas surpris … Sa miséricorde nous attend…
Puisse le Tricentenaire et le Traité rajeuni nous ouvrir – tant pour nous-mêmes que pour tous ceux et celles qui nous entourent – , une nouvelle et sainte porte qui soit l’occasion d’un nouveau départ, d’un don plus radical, d’une transmission plus généreuse des dons reçus, d’une croissance de notre foi !
Sœur Jacqueline Portefaix, Fille de la Sagesse
Conseillère générale