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18/03/2021

Une rencontre à travers le dialogue.

Sr dell’Incarnazione, Fille de la Sagesse

« Le dialogue fait naître la culture de la rencontre » (FT)

« Se rapprocher, s’exprimer, s’écouter, se regarder, se connaître, essayer de se comprendre, chercher des points de contact, tout cela se résume dans le verbe “dialoguer”. » [198]

Dans cette définition, le dialogue semble la solution de la distance, de l’isolement que nous impose le confinement.
Il est vrai que nous avons intensifié l’usage des médias, mais avons-nous vraiment dialogué ? Peut-être, comme le dit le pape François, n’y a-t-il souvent eu qu’“un échange d’opinions”, des monologues parallèles” [200]. Ils nous ont quand même permis de nous sentir moins seuls, de comprendre que la multiplication des paroles ne fait pas un dialogue et que, par conséquent, les paroles ne suffisent pas pour se rencontrer.

Confinement et media interdits
Pouvoir se voir de loin, s’entendre au moins au téléphone, est un cadeau de la technique moderne… mais, en prison, on ne peut ni apporter ni utiliser les téléphones. Les conséquences du confinement sont très dures, tant pour les détenus que pour les bénévoles. Les activités diminuées, le nombre possible de visiteurs réduit au minimum : c’est une vraie souffrance de ne pouvoir avoir aucun contact direct.
Les bénévoles de la Prison pour Mineurs de Casal del Marmo, à Rome, veulent continuer à approfondir leur service. Ils trouvent le temps de partager tour à tour les expériences faites et de réfléchir ensemble, à l’aide d’un livre de L.M. Epicoco.
C’est précisément la lecture et l’échange sur “Télémaque ne se trompait pas” qui se révèlent un véritable entraînement au dialogue avec ses attitudes caractéristiques.

Rejoindre le réel
La comparaison avec la figure d’Abraham père d’Isaac, fils attendu qu’il faut sacrifier, nous incite à être attentifs à nos attentes. Les jeunes que nous visitons vivent des situations très particulières, avec des frustrations qui conditionnent leur façon de se mettre en relation. L’intensité et l’inconstance de leurs sentiments ne doivent pas nous perturber, ni amoindrir la spontanéité et la confiance. C’est pour nous un entraînement à “reconnaître à l’autre le droit d’être lui-même et d’être différent” [218] Comme Isaac, ils sont eux aussi fils “de la promesse, non de l’imagination”. Les considérer comme tels requiert souvent un effort. Reconnaissons qu’ils sont un don précieux, que nous n’avons pas à lier à nous-mêmes.

Dépasser le générique
La figure de Joseph haï par ses frères qui ne “pouvaient lui parler amicalement” nous illustre de façon évidente les exigences et les difficultés des relations. Le besoin d’être irremplaçables, préférés, uniques. C’est une invitation à tisser des relations non pas génériques, mais personnalisées, en faisant attention aux dynamiques qui peuvent se déchaîner. Etre attentifs à trouver quelle “tunique à longues manches” on peut donner à chacun, afin qu’il ne se sente pas un parmi tant d’autres. Les jeunes que nous rencontrons ont souvent vécu la “logique du clan” qui a pour ciment la rage et le ressentiment causés par la marginalité. Ils ont besoin de faire une expérience de “préférentialité”. Nous pouvons les aider en les traitant “de manière non pas neutre et anonyme, mais personnelle et directe”.

Rencontre réalisée
D’autres moments de réflexion et d’échange nous attendent. Celui que nous avons vécu a déjà été important.
Nous nous rendons compte que nous sommes davantage préparés pour les rencontres, en prison, qui deviennent heureusement plus nombreuses. En même temps, le caractère limité des expériences et le désir de nous maintenir en contact et prêts nous ont permis de dialoguer entre nous en profondeur.
Mais quelle rencontre avons-nous réalisée ?

Tout d’abord avec nous-mêmes, avec nos désirs, nos incertitudes et nos potentialités.
Nous avons beaucoup grandi dans la connaissance, l’estime et la relation avec les autres bénévoles.
Nous avons surtout rencontré Dieu d’une façon peut-être inattendue, mais concrète et personnelle. Nous L’avons découvert dans notre histoire réelle avec la certitude de sa présence dans notre futur.

Nous nous sentons davantage prêts à la “vraie reconnaissance de l’autre, que seul l’amour rend possible et qui signifie se mettre à la place de l’autre pour découvrir ce qu’il y a d’authentique, ou au moins de compréhensible, dans ses motivations et intérêts. [221]

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